Ils abusent grave, de Erell Hannah et Fred Cham

Pourquoi y a-t-il autant de portraits de Cléopâtre à poil ? Pourquoi les psychopathes des séries TV sont-ils si séduisants ? Comment expliquer le manque d’empathie de certains policiers ? Pourquoi entend-on soudain parler partout de « dépendance affective » ? Et, est-ce que les femmes se font passer pour plus bêtes qu’elles ne sont ?

… Autant de questions qui empêchent Erell Hannah de dormir la nuit ! Bien décidée à obtenir des réponses, l’autrice farfelue part alors mener l’enquête auprès de scientifiques, de sociologues, et de militantes, et nous partage ses réflexions, plus ou moins sérieuses !

Présentation éditeur

Des romans graphiques féministes, il y en a plein. De nombreuses auteures se sont approprié ce média pour parler de ce sujet qui nous concerne tous (oui oui, à nous aussi les mecs).
Dans le genre « Ils abusent graves » m’a bien plu, sans que je sache exactement dire pourquoi. A travers une série d’approches incluant témoignages et références à la culture populaire, Erell Annah déconstruit les idées reçues et propose des pistes de réflexions et d’actions.

C’est qui Fabcaro ?

J’aime l’ordre. Il y a quelques mois, j’ai initié un « carnet de lectures » dans lequel je garde la trace de ce que je lis, romans et BD. Une date, un titre, un auteur, et un court commentaire. Le cas échéant, un « coeur » si j’ai beaucoup aimé. Ce sont ces « coeurs » que je rapporte sur ce blog (je prévois des exceptions pour plus tard).

Fabocaro est un auteur de BD qui m’a habitué aux « coeurs ». Presque toutes ses oeuvres en ont un. Bref, j’adore Fabcaro, et je crée ce billet pour tout rassembler.

C’est qui ?

C’est lui :

Fabrice Caro, dit Fabacro, est un auteur de BD et de romans qui a fait de l’humour absurde sa marque de fabrique. Il va très loin dans l’absurde. Ça ne plaira pas à tout le monde. Mais vu sa grande popularité, ça plaît visiblement à pas mal de monde. Personnellement, j’ai toujours aimé l’humour absurde.

Liste (non exhaustive) de mes coups de coeurs Fabcaro

Mars ! (En collaboration Avec Fabrice Erre)

Combien faut-il de bras cassés pour faire décoller une fusée ?

Zaï Zaï Zaï Zaï

Au passage à la caisse d’un supermarché, un auteur de bande dessinée réalise qu’il n’a pas sa carte de fidélité. Le vigile intervient à la demande de la caissière mais l’auteur parvient à s’enfuir.

Moon River

Conçu à la façon d’un polar noir, Moon River part d’un fait divers sordide : quelqu’un a dessinée un phallus sur la joue d’une actrice de cinéma.

Plus qu’hier, moins que demain

Une galerie de portrait sur le thème du couple.

Formica

Un repas de famille. Oui, un simple repas de famille !

La formidable épopée de Steve Lumour

Les inénarrables aventures du plus grand humoriste de tous les temps.

A suivre !

Crayon noir – Samuel Paty, histoire d’un prof

De Valérie Igounet et Guy Le Besnerais.

Dans l’après-midi du 16 octobre 2020, Samuel Paty est décapité par un islamiste tchétchène. Il venait d’avoir 47 ans. Il était professeur d’histoire-géographie dans un collège des Yvelines et père d’un petit garçon.

Présentation éditeur (extrait)

Je n’avais suivi l’affaire que de loin. J’imaginai un prof brandissant les caricatures en classe, les élèves discutant de cela autour d’eux, puis un terroriste s’en prenant à lui. Crayon Noir m’a expliqué que son histoire était plus complexe et encore plus troublante.

Outre le portrait de Samuel Paty – le prof qu’on aurait tous voulu avoir – ce roman graphique explique comment un mensonge, le refus du dialogue et une bonne dose de réseaux sociaux ont créé un climat toxique qu’un djihadiste à la recherche d’une cible s’est emparé, presque par opportunisme.

Une BD incroyable. Forcément c’est pas la joie, c’est stressant, j’en déconseille la lecture le soir avant de dormir (testé et non approuvé par bibi). Mais allez, soyez sérieux, rendez-vous service et lisez Crayon noir – Samuel Paty, histoire d’un prof.

Crayon noir - Samuel Paty, histoire d'un prof - 4

C’est quoi One Piece ?

Non vraiment, vous ne connaissez pas One Piece ? Allez, un petit topo pour les moldus.

C’est quoi One Piece ?
One Piece est un manga créé par Eiichirō Oda depuis 1997 (2000 en France). Le tome 100 est paru en 2021, faisant entrer la saga dans un tout petit club (c’est le quatrième manga en france à dépasser la centaine de volumes). Énorme succès commercial, la série est devenue la BD plus vendue au monde (500 millions de tomes vendus en 2024). Elle n’est pas terminée au moment où j’écris ces lignes. Bref, un mammouth.

Ça raconte quoi ?
One Piece raconte les aventures fantastiques de Luffy, jeune garçon qui quitte son village avec un rêve : devenir le seigneur des pirates et pour cela trouver le One Piece, le plus grand trésor de tous les temps. Luffy va donc devoir se constituer un équipage et affronter toutes sortes de menaces, la plupart venant d’autres pirates ou de la marine.

Et… c’est bien ?
Vaste question. En gros, oui, c’est bien. C’est subjectif, mais un tel succès venant d’un auteur jusque là peu connu ne peut qu’être basé sur une certaine qualité. On peut débattre des qualités et des défauts de la série. En voici quelques uns.

Un univers foisonnant
One Piece se déroule dans un monde immense. Composé de nombreuses mers et île, il héberge un âge d’or de la piraterie et est organisé par le gouvernement mondial et la marine. Les lieux se comptent par dizaines, les personnages par centaines. Diverses organisations structurent tout ça en un ensemble cohérent. Bref, Luffy évolue dans un monde riche dans lequel les amitiés et les rivalités refont surfaces en permanence.

De la suite dans les idées
Au bout d’une centaine de tomes, Luffy court toujours après le même rêve. Au fil d’un millier de chapitres, il affronte toutes les menaces, se forge une réputation et progresse pas à pas pour jouer dans la cour des grands. A l’heure où j’écris ces lignes, on le sent, la fin est proche. Luffy n’a plus grand chose à voir avec le jeune villageois quittant son village. Il avait une ambition énorme, il s’est donné les moyens, et One Piece nous raconte sa longue histoire.

Un scénario riche qui se renouvelle
Malgré la simplicité de son propos, One Piece fait de nombreuses propositions scénaristiques. L’ambiance du manga change brusquement à mesure que Luffy explore les différentes îles de l’océan. Chacune est un mini monde régit par ses propres règles et propose quelque chose de différent. Chasse au trésor façon les Mystérieuses Cités d’Or, château hanté genre Dracula, Japon médiaval, science-fiction, on voit du pays.

De l’action, du délire
Parfait exemple du manga de baston pour jeune garçon – les incontournables shonens – One Piece exploite la sainte triade « amitié, courage, persévérance ». On retrouve ce rythme frénétique qui a fait le succès de Dragon ball, dans lequel ça bagarre sévère, il se passe des milliers de choses très graves mais où tout le monde fini autour d’un banquet à boire et à rire. C’est une formule qui a fait ses preuves.

Wow, c’est génial alors ?
Chipotons un peu. Parce qu’il y a quand mêmes quelques points qui me dérangent, qui pour certains sont un contrecoup des qualités du manga.

Des longueurs
Oui, des longueurs. Moins parce que le manga dépasse les cent tomes que parce que certains arcs sont à mon goût trop longs. Trop de personnages, trop d’action, des combats interminables. Je suis parfois soulagé quand ça se termine. Ouf, enfin on passe à autre chose. C’est regrettable, même si encore une fois ce n’est que mon humble opinion.

L’action est parfois fouillis
Pas tout le temps, et plutôt dans la deuxième partie du manga (tomes 60 et +). Attention, le dessin de One Piece est bon, mais quand ça part à la bagarre j’ai parfois du mal à décrypter ce qu’il se passe.

Des personnages parfois stéréotypés
On s’attendrait à plus de nuances pour Luffy et ses compagnons. Mais la plupart ont une psychologie dont la description tient sur un timbre poste. Luffy aime manger. Zoro aime se battre à l’épée. Sanji drague (toutes) les filles. Nami est manipulatrice et vénale.
Certains des personnages principaux, une fois installés dans la série, perdent toute signification. Il faut dire qu’ils sont nombreux, qu’il serait délicat de leur donner un vrai rôle à chacun, mais quand même. Leurs rôles devient parfois si insignifiant qu’on les oublierait. « Tu te souviens de Franky ? Non ? Ben il est là, avec les autres. De temps en temps il sort une punch line ou il bastonne un ennemi. »

Pour les garçons en chaleur
Oui, ça se voit que l’auteur est un homme et qu’il s’adresse à des garçons. Les personnages féminins sont sexualisés. Un des personnages – Sanji – drague vulgairement toutes les filles qu’il croise. Les notes de l’auteur entre les chapitres – qui prennent la forme de courrier des lecteurs – enchaîne les blagues sexistes.

Bref…
One Piece est incontournable. De mon point de vu, ses qualités l’emportent sur ses défauts, et le voyage en vaut la peine. A condition, bien sûr, d’aimer les mangas de baston, les pirates et les séries fleuves.


De Cape et de Mots, de Kerascoët

Serine rêve de devenir dame de compagnie de la reine. Un objectif pas vraiment à sa portée, pour elle qui n’est pas aristocrate et qui connait mal les usages. Mais elle a d’autres atouts. Facétie, espièglerie et sens de la répartie sont autant de clés pour pénétrer ce milieu archi codé.

Au milieu des autres dames de la cour, Serine brille comme une étoile. Mais toute cette énergie qui l’a mené jusque là suffira-t-elle pour qu’elle s’y fasse une vraie place ?

De Cape et de Mots est une BD très amusante qui se lit facilement. Bourrée de personnages attachants, pleine de bonnes idées, c’est une histoire courte et simple qui se déguste comme une friandise.

Cabot-caboche, de Grégory Panaccione

C’est l’histoire d’un chien. D’un cabot, un bâtard, laid, dont personne ne veut. Le Chien (c’est son nom) va de rencontre en rencontre : vieux molosses emplis de sagesse ou humains méprisants. Très vite, le Chien se fixe un but : trouver une maîtresse et faire son dressage. Pomme sera sa maîtresse.

Cabot-caboche fait partie de ses bandes dessinées pour lesquelles le terme « coup de coeur » ne suffit pas. De ses oeuvres qu’on quitte avec émotion, déçu de laisser des copains et des copines à un destin que l’auteur ne racontera jamais.

Une BD pour les amateurs de chiens ? Que nenni. Je vais vous faire une confidence : je ne suis pas un grand fan de canidés. Ils m’agacent plus qu’autre chose. Et pourtant, Cabot-caboche est un vrai coup de foudre.

Space Boy, de Stephen McCranie

La quarantaine passée, je commence enfin à me lasser de la littérature jeunesse. Attention, je ne dis pas que ça ne me plaît plus, loin de là. Il y a juste que j’en ai beaucoup lu au fil des dernières décennies.

Et pourtant, je tombe parfois sur des pépites. C’est de la jeunesse et ça en reprend la plupart des codes, mais c’est tellement qualitatif que je tombe amoureux comme si j’avais trente ans de moins. Je vous avais déjà parlé de Anna et Froga, qui entre dans cette catégorie. Aujourd’hui, c’est le tour de Space Boy.

Space Boy est une série de science fiction qui raconte l’histoire de Amy. Suite à une déconvenue professionnelle de son père, Amy quitte sa colonie spatiale pour rejoindre la Terre, après un voyage de trente ans sans vieillir. Déracinée de son foyer et de ses amis, elle va devoir s’habituer à une planète nouvelle, une époque nouvelle, créer de nouveau lien. Elle va notamment faire la rencontre d’un étrange garçon.

Le personnage de Amy est attachant, de même que tout son entourage. La vie n’est pas facile pour Amy, qui doit s’adapter à sa nouvelle vie, faire son trou dans sa nouvelle école avec un certain bagage émotionnel lié à son déracinement. C’est déjà rudement bien fait, là dessus vous ajoutez l’intrigue liée au fameux « Space Boy » du titre. L’histoire s’aggrave lentement, il y a des coups de théâtre et des révélations, des personnages qui pénètrent l’intrigue à grand fracas.

Vous l’avez compris, Space Boy est un énorme coup de coeur.