Cabot-caboche, de Grégory Panaccione

C’est l’histoire d’un chien. D’un cabot, un bâtard, laid, dont personne ne veut. Le Chien (c’est son nom) va de rencontre en rencontre : vieux molosses emplis de sagesse ou humains méprisants. Très vite, le Chien se fixe un but : trouver une maîtresse et faire son dressage. Pomme sera sa maîtresse.

Cabot-caboche fait partie de ses bandes dessinées pour lesquelles le terme « coup de coeur » ne suffit pas. De ses oeuvres qu’on quitte avec émotion, déçu de laisser des copains et des copines à un destin que l’auteur ne racontera jamais.

Une BD pour les amateurs de chiens ? Que nenni. Je vais vous faire une confidence : je ne suis pas un grand fan de canidés. Ils m’agacent plus qu’autre chose. Et pourtant, Cabot-caboche est un vrai coup de foudre.

Space Boy, de Stephen McCranie

La quarantaine passée, je commence enfin à me lasser de la littérature jeunesse. Attention, je ne dis pas que ça ne me plaît plus, loin de là. Il y a juste que j’en ai beaucoup lu au fil des dernières décennies.

Et pourtant, je tombe parfois sur des pépites. C’est de la jeunesse et ça en reprend la plupart des codes, mais c’est tellement qualitatif que je tombe amoureux comme si j’avais trente ans de moins. Je vous avais déjà parlé de Anna et Froga, qui entre dans cette catégorie. Aujourd’hui, c’est le tour de Space Boy.

Space Boy est une série de science fiction qui raconte l’histoire de Amy. Suite à une déconvenue professionnelle de son père, Amy quitte sa colonie spatiale pour rejoindre la Terre, après un voyage de trente ans sans vieillir. Déracinée de son foyer et de ses amis, elle va devoir s’habituer à une planète nouvelle, une époque nouvelle, créer de nouveau lien. Elle va notamment faire la rencontre d’un étrange garçon.

Le personnage de Amy est attachant, de même que tout son entourage. La vie n’est pas facile pour Amy, qui doit s’adapter à sa nouvelle vie, faire son trou dans sa nouvelle école avec un certain bagage émotionnel lié à son déracinement. C’est déjà rudement bien fait, là dessus vous ajoutez l’intrigue liée au fameux « Space Boy » du titre. L’histoire s’aggrave lentement, il y a des coups de théâtre et des révélations, des personnages qui pénètrent l’intrigue à grand fracas.

Vous l’avez compris, Space Boy est un énorme coup de coeur.

Jean Doux et le mystère de la disquette molle, de Philippe Valette

Pour la petite histoire, je note mes lectures dans un petit carnet. Date, titre, auteur et un court commentaire. Si j’ai aimé, j’ajoute un coeur.
La signification de ce coeur n’est pas entièrement claire. Des fois c’est juste j’ai bien aimé. D’autres fois, c’est parce que je suis tombé amoureux. A titre d’exemple sur mes dernières chroniques, The Golden Path et les Pigments Sauvages, j’ai trouvé que c’était de l’excellente BD, mais je ne me marierais pas avec. Quatre Soeurs, Anna et Froga, là je ferais une fugue avec. La différence, encore autrement dit, entre un coup de coeur et un coup de foudre.

Jean Doux et le mystère de la disquette molle appartient à cette dernière catégorie. Une oeuvre courte, vite lue, mais tellement chouette que ça me donne envie de crier « Lisez-là ! » dans la rue. Soyons honnête cela reste très subjectif. Les aventures de Jean Doux se passent dans un milieu professionnel très proche du mien. Les blagues sur les patrons et les collègues, les histoires de rachats d’entreprises, de cantines et de machines à café, ça me parle plus qu’à un autre. Malgré tout, je conseille cette BD à tous ceux qui aiment l’humour gratiné d’une touche de polar.

Jean Doux est juriste dans une entreprise fabriquant des broyeuses à papier. Après un début de journée difficile – mauvaises blagues des collègues, retard fatal à une réunion cruciale – notre héros en cravate trouve par hasard une mallette contenant une « disquette molle ». Une de ces vieilles 5,25 pouces qui alimentaient en octets nos ordinateurs dans les années 80. Piqué de curiosité, Jean Doux va tenter de percer le mystère de cette disquette.

Je ne vous en dit pas plus. Attendez-vous à des surprises incroyables. Lisez Jean Doux et le mystère de la disquette molle.

C’est quoi : Hunter x Hunter ?

Hunter x Hunter, de Yoshihiro Togashi, est un de mes mangas préférés, tout simplement.

Publié depuis 1998 et toujours inachevé (j’y reviens), Hunter x Hunter raconte l’histoire de Gon, très jeune garçon parti à la recherche de son père qu’il n’a jamais connu. Une seule piste, le daron est un « hunter », un membre d’une association ouvrant la porte à toutes sortes de libertés : accès à des zones interdites, autorisations en tous genres, facilités financières et j’en passe. Première étape pour Gon : passer le très difficile examen pour devenir Hunter. Le début d’une aventure incroyable.
Hunter x Hunter est un manga qui privilégie l’action, les affrontements entre personnages sont omniprésents, un peu comme de nombreux classiques tels que Dragonball ou One Piece. Mais pas que, et on va voir ça tout de suite.

Pourquoi j’aime Hunter x Hunter

Déjà, ce manga coche toutes les cases. Un dessin simple et efficace, des personnages attachants, un univers foisonnant et bien développé, des intrigues passionnantes. Comme tout bon manga shonen vous allez me dire.
Continuons.
Le thème général parle puissance dix à l’amateur de jeux que je suis. Car dans Hunter x Hunter il est toujours question de règles. Les règles de l’examen. Les règles d’un tournoi. Les règles d’un jeu vidéo, d’une vente aux enchère, d’un sport ou celles qui régissent une situation particulière. Gon et ses amis sont ainsi confrontés à des situations toujours inédites, et doivent « jouer » avec les règles, les respecter dans la lettre sinon dans l’esprit, ou inversement.
Continuons.
Comme tout bon manga shonen, l’intrigue de Hunter x Hunter est divisé en « arcs », unités scénaristiques qu’on pourrait comparer aux saisons d’une série télé. Le génie de Hunter x Hunter est de proposer des arcs d’une grande variété. Il y a de la bagarre, parfois, de gros méchants qu’il faut leur « péter la gueule » pour sauver le monde. Et puis on tourne la page et il est question de ventes aux enchères. Ou d’élections. Ou de tragédie familiale. Impossible de se lasser avec une telle variété.
Continuons.

Hunter x Hunter casse les codes. Si Gon se fait presque immédiatement des amis, la formule du groupe chère aux mangas shonen en prend pour son grade : le quatuor de personnages principaux n’est presque jamais au complet. Gon lui-même manque parfois à l’appel.
Parlons des antagonistes. Dragonball utilisait un principe narratif simple : chaque nouvel adversaire est plus fort que le précédent. Ficelle reprise par pratiquement tous les mangas du genre. Mais pas par Hunter x Hunter, qui semble ignorer complètement cette règle. Et vas-y que le plus fort de tous les méchants est introduit au tome 1. Et vas-y que certains boss de fin se révèlent de véritables faiblards.
Bref, de l’inattendu, des coups de théâtre, des twists improbables. Et ça, c’est génial.

Finissons par un bémol. Le rythme de parution de ce manga d’anthologie est lent, très lent. Yoshihiro Togashi aurait des problèmes de santé, chaque nouveau tome se fait attendre, parfois plusieurs années. L’arc en cour semble ne jamais de voir finir. Dommage !

Quatre Soeurs, de Malika Ferdjoukh et Cati Baur

Au bord de la falaise, tout au bout de l’impasse de l’Atlantique, la Vill’Hervé surplombe l’océan. Cette grande bâtisse usée par les années protège des intempéries les cinq sœurs Verdelaine (oui, cinq). La plus jeune a neuf ans. L’aînée en a vingt-trois.

Orphelines depuis la mort soudaine de leurs parents, ce « quintette » mène une vie presque normale, faite des petites choses du quotidien. Enid, la benjamine, qui s’occupe de son écureuil et de sa chauve-souris. Hortense et son amitié avec Muguette, voisine de passage arrivée là pour soigner une maladie grave. Bettina, la chipie superficielle et ses histoires de garçons. Geneviève, qui fait – ou prétend faire – du baby-sitting. Et enfin Charlie, la seule capable de faire les comptes et de démarrer une chaudière maléfique en hiver.

Je suis totalement sous le charme de Quatre sœurs (oui, quatre). La plume de Malika Ferdjoukh et le crayon de Cati Baur nous plongent dans la routine à la fois chaotique et mélancolique de cette fratrie qui fait contre mauvaise fortune bon cœur, avec humour subtil et tendresse. En quelques pages on en fait des copines, on partage avec elles leurs folles aventures : chasse au rat Mycroft, visites impromptues de la désagréable tante Lucrèce et autres histoires de fantômes.

Et quand la dernière page est tournée, on dit adieu à ces cinq filles, un peu tristes de quitter pour toujours leur univers attachant.

Les Pigments Sauvages, de Alex Chauvel

Présentation éditeur

Parasites par nature et parias du microscopique empire Lémure, Pyrite, Topaze et Corail profitent de l’effondrement de leur civilisation pour changer à jamais leur condition, et provoquer l’avènement d’un ordre social nouveau rêvé. C’est compter sans la puissance des mythes fondateurs de toute société…

J’aime quand une bande dessinée m’étonne. Tenir un objet bizarre dans mes mains, le feuilleter et me demander « qu’est-ce que c’est que ce truc ?

Alex Chauvel signe avec les Pigments Sauvages une des BDs pour le moins déconcertante. Le style graphique est simple et efficace, pas ou peu de surprises à ce niveau. Je commence la lecture et le voyage commence. Un univers riche et foisonnant, mais aucune exposition pour expliquer quoi que ce soit. Une aventure qui se suit sur plusieurs époques, pas d’ordre chronologique, et là encore rien pour nous prévenir de prime abord. Des constructions de pages tantôt classiques, tantôt originales, voire déstabilisantes. On se perd dans ces planches où tout est partout sans qu’on sache dans quel ordre il faut lire tout ça. Une histoire complexe et riche, des dizaines de personnages, des retournements de situation de partout.

J’aime autant vous avertir que les Pigments Sauvages est une oeuvre exigeante et qui se mérite. La première lecture est presque laborieuse. La deuxième est passionnante. J’en suis là, mais je devine que la troisième sera un grand plaisir.

Bref, Alex Chauvel, les Pigments Sauvages, je recommande, mais seulement aux fans du genre.

C’est quoi, Jojo’s Bizarre Adventure ?

Ah, Jojo’s Bizarre Adventure…
Par quoi commencer ? Par une image ?

Couverture du premier tome de la quatrième partie

Vous êtes encore là ?
Jojo’s Bizarre Adventure est un manga. Un manga prolifique : 133 tomes au moment où j’écris ces lignes (va te rhabiller One Piece), divisés en neuf « parties » – on pourrait aussi dire « saisons » ou « arcs » – qui peuvent se lire de manière indépendante.

Ce manga nous raconte l’histoire de la famille Joestar sur plusieurs génération. C’est ce que j’appelle un manga de baston, dans le sens où il est en général questions d’affrontements entre les nombreux personnages de la série.
Jojo’s Bizarre Adventure a eu une influence considérable dans le milieu du manga, pour des raisons qu’il serait long de développer. En très court, cette série possède une identité graphique forte (non mais regardez la gueule des persos !). Narrativement, elle a établi depuis sa troisième partie la notion de « stands », en gros chaque personnage possède un pouvoir étrange et se débrouille avec. J’aime bien citer l’exemple de ce combat dans la cinquième partie où le Jojo de service, détenteur du pouvoir de « transformer quelque chose d’inerte en quelque chose de vivant » (i.e. un sac à main en grenouille) affronte un adversaire capable de « poser des fermetures éclairs sur n’importe quelle surface ». Fight ! Cette notion de pouvoir original propre à un personnage est devenue un classique dans le milieu du manga, avec des titres comme Hunter X Hunter ou Shaman King.

J’adore Jojo’s Bizarre Adventure. Mention spéciale pour ma partie préférée, la quatrième. Dans celle-ci, sous-titrée « Diamond is Unbreakable » (c’est-y pas un titre qui se la pète ?), l’action se passe dans la ville de Morio. On y trouve bien sûr quelques antagonistes détestables, mais pas que. De nombreux chapitres sont consacrés à des événements de vie quotidienne (sortie au restaurant, rencontre avec un mangaka, rendez-vous amoureux), qui sont bien sûr toutes plus « bizarres » les unes que les autres.

Attention, Jojo’s Bizarre Adventure est un manga violent et gore. Ce n’est définitivement pas pour tout le monde, mais c’est un classique incontournable.