
Le type sur la photo à droite, c’est Pierre Culliford. Plus connu sous le nom de Peyo, il fut un des piliers de la BD franco belge avec des séries cultes comme Benoit Brisefer, Johan et Pirlouit et les Schtroumpfs.
Parlons des Schtroumpfs. Parce que parler des Schtroumpfs, c’est parler d’une tendance du milieu de la BD qui m’interpelle.
Je vous mets en image deux couvertures des Schtroumpfs. A gauche, les Schtroumpfs noirs, premier album de la série. A droite, les Schtroumpfs et la cape magique, 42ème album et dernier en date (pas pour longtemps j’imagine). A gauche, la mention « 3 Histoires de Schtroumpfs par Peyo » A droite, la mention « Une Histoire de Schtroumpfs de Peyo ». Vous voyez la différence ? Le premier album est « par » Peyo », l’autre est « de » Peyo. Si je faisais une véritable analyse syntaxique, je dirai que dans le premier cas Peyo est l’auteur de l’histoire, dans le deuxième, il est celui des Schtroumpfs.

Ce n’est pas un secret, ces deux albums ne sont tout simplement pas du même auteur. Le deuxième donne le détail de son staff, dans lequel figure un certain Thierry Culliford, fils de Pierre Culliford. On reste en famille, mais finalement pas de Peyo.
Peyo, créateur des Schtroumpfs, est auteur de seize albums des Schtroumpfs. Les autres… ben c’est pas lui. Et là on parle des tomes 17 à 42 de la série principale, soit 25 albums. Auxquels on ajoutera les séries parallèles que sont l’Univers des Schtroumpfs (7 albums), les Schtroumpfs et le Villages des Filles (7 albums) et j’en passe. Notez que je simplifie le propos, il existe d’autres séries dont certaines sont de Peyo et d’autres pas, mais vous voyez l’idée.
Notez que je ne juge pas la qualité de tous ces albums. Sur les 25 albums de la série principale non créés par Peyo, j’en trouve de très bons et d’autres sans intérêt, mais cela reste une question d’opinion. Et là n’est pas mon propos. Qui est double.
Primo, la supercherie. Ou quelque chose qui y ressemble. Alors oui, les auteurs des différents albums sont bien cités. Mais seulement à l’intérieur de l’album, et non sur la couverture, ce qui entretient une confusion désagréable. Et que penser de la série L’univers des Schtroumpfs, qui donne du « Peyo » un peu partout mais dont les auteurs ne sont précisés nulle part ? J’aimerais savoir quels sont les artistes cachés derrière le « Studio Peyo ».

Secundo, ça s’arrête quand les Schtroumpfs ? Le monde a-t-il besoin de (prend sa calculette) 63 albums des petits lutins bleus ? Et combien encore à venir ? Y a-t-il encore des histoires de à raconter dans cet univers ? Jusqu’où va-on tirer la corde ?
Là je vous parle des Schtroumpfs, mais j’aurai pu écrire un article dans la même veine avec d’autres classiques tels que Lucky Luke, Boule et Bill, Asterix, et bien d’autres. Ce sont des questions que je me pose. Peut-être que tout va bien. Que ceux qui lisent ce 63ème album ne liraient rien à la place. Que les auteurs invisibles sont satisfaits de l’être. Qu’un jour il y aura 100 albums, ou 200 et que tout le monde sera content.
Je vous laisse méditer là dessus.
Pour finir, je voulais vous parler d’un album des Schtroumpfs complètement différent. Ça s’appelle « Qui est ce Schtroumpfs ? ». C’est écrit par Tebo, comme indiqué en gros sur la couverture. L’album ne s’inscrit dans aucune des séries existantes des Schtroumpfs, et tranche avec un changement de style et de ton rafraichissant, pas mal de deuxième degré, des clins d’oeils méta et du fan service. C’est une vrai lettre d’amour à l’univers des Schtroumpfs que nous livre Tebo, une oeuvre d’auteur qui nous prouve que oui, on peut encore écrire sur les Schtroumpfs.
