Le 25 Octobre, j’étais invité pour la « naissance » des Révoltés de Noël. L’imprimerie Delors (Castanet Tolosan, près de Toulouse) faisait office de clinique, et j’ai pu assister aux premières impressions de mon livre. Ou pour être plus précis, de sa couverture.
Cela se passait dans une grande salle pleine d’énormes machines bruyantes, qui crachaient des dizaines de feuilles par minute. Un peu d’émotion de voir le « bébé » commencer à naître, même si ce n’est que le début du travail et que le livre complet ne sera prêt que dans une semaine. Un peu de stress aussi, celui de découvrir trop tard une ultime coquille.
La Story de Gilles Monchoux
La date de parution des Révolté de Noël approche.
En attendant, les éditions du Carnet à Spirale viennent de publier ma « story ».
Je vous la laisse découvrir.
La Story de Gilles Monchoux
Portrait d’un donateur : tante Arie
Si la Haute Savoie a son père Chalande, il nous faut nous rendre en Franche-Comté pour rencontrer tante Arie.
Bonne fée protectrice, tante Arie porte des vêtements de paysanne, et va à pied, ou chevauchant son ânesse Marion. Frileuse, elle sort généralement couverte d’épais manteaux.
Contrairement aux autres donateurs, elle ne joue jamais les croque-mitaines, et fait preuve en toutes circonstances de la plus grande bienveillance. Au pire, les enfants pas sages recevront un bonnet d’âne.
La légende dit tante Arie être la réincarnation de la comtesse Henriette de Montbéliard (1387-1444), réputée pour sa bienveillance et sa gentillesse.
La donatrice est également la patronne des jeunes filles laborieuses, qu’elle aide en amour quand elle ne leur apprend pas à filer la laine.
Bref, tout le monde tante Arie, et chante sa chanson quand par chance on la voit passer.
La chanson de tante Airie
Et comme vous êtes sages, voici une scène coupée des Révoltés de Noël (et oui, ce n’est pas que dans les films)
Le sourire aux lèvres, Tante Arie attrapa une grosse veste en laine qu’elle enfila par-dessus sa robe paysanne. Elle sortit de la grotte qui lui servait de demeure et salua Marion, son ânesse, qui l’attendait fidèlement. Elle en flatta le flanc, et lui glissa quelques mots gentils à l’oreille. Puis, femme et animal prirent la route de Montbéliard, petite commune française située en Franche-Comté.
Elle en franchit les faubourgs, et circula dans les rues de la ville au milieu des autos. Les enfants qu’elle croisait fixaient l’ânesse avec curiosité et s’amusaient de la tenue désuète de sa maîtresse. Laissant Marion sur le trottoir, Tante Arie franchit finalement la double porte d’un immeuble. Elle gravit deux étages avant de pénétrer dans un petit appartement en désordre.
« Bienvenue à vous, Tante Arie, lui dit une jeune fille.
– Bonjour Éléonore. »
Tante Arie ôta son manteau et se frotta les mains. Les traits de son visage étaient juvéniles, mais sa chevelure trahissait un âge bien plus élevé.
« Tu as abandonné ton tricot ? demanda Tante Arie en fronçant les sourcils.
– Oh, non, Tante Arie, répondit la jeune fille en mettant en ordre un nécessaire à couture. J’aimerais juste savoir à qui offrir ce pull-over.
– À ce propos… »
Éléonore releva brusquement la tête. Ses cheveux bruns étaient taillés courts. Du rouge à lèvre et du fard courraient sur son visage.
« Pourquoi être venu me voir, Tante Arie ? demanda-t-elle, la voix teintée d’excitation.
– Pour Anatole. »
Éléonore en eu le couple soufflé.
« Anatole ? Mon Anatole ?
– Tu manques juste de confiance en toi, ma petite. Si tu te donnes une chance, ton ami d’enfance t’ouvrira son cœur.
– Oh mon dieu ! fit Éléonore en mettant sa main menue sur sa bouche. Je suis tellement heureuse ! Que faut-il que je fasse ? Tante Arie, aidez-moi !
– Et bien… tu pourrais commencer par finir ton tricot. »
Surexcitée, la jeune fille se leva et se mit aussitôt à la tâche.
« Si tu n’y vois pas d’inconvénient, mon enfant, je vais maintenant te quitter.
– Oh, bien sûr, Tante Arie. Au fait, il y a mon amie Christelle. Elle se sent seule en ce moment et…
– Malheureusement, elle devra attendre. Je suis sur le départ. »
Éléonore leva sur son invitée un regard étonné.
« Vous, Tante Arie ? Vous partez en voyage ?
– Je me rends là où il fait froid, dit Tante Arie en grelottant à cette seule idée. Des amis sont en passe de se chercher querelle. Quelqu’un doit veiller sur eux. »
Entrevue Court-bouillon de culture
Aujourd’hui est paru ma première entrevue sur le groupe Court-bouillon de culture.
C’est l’éditeur et auteur Jean-François Pissard qui m’a posé une série de questions pas piquées des vers dans le contexte de mon roman les Révoltés de Noël. J’espère avoir été à la hauteur.
Je vous laisse juge là où les choses se passent :
Mon entrevue sur Court-bouillon de culture
Portrait d’un donateur : la Befana
En Italie, ce n’est rien de moins qu’une sorcière qui se charge de distribuer les cadeaux.
Elle fait sa distribution le 6 Janvier, passant de cheminée en cheminée en volant sur son balai. Elle offre généreusement des bonbons aux enfants sages, mais attention, les chenapans n’auront que du charbon.
Je laisse le père Chalande vous raconter son histoire.
« Il y a deux-mille ans, la Befana croisa la route des rois mages qui se rendaient auprès de Jésus. Les trois savants lui demandèrent de les guider à Bethléem, ce qu’elle refusa tout d’abord. Elle changea aussitôt d’avis, mais ne parvint à retrouver la trace de leur caravane qu’à destination. Hélas, une fois arrivée là-bas, Saint Nicolas renvoya la sorcière qu’elle était, si bien qu’elle ne put jamais faire d’offrande à Jésus. Le regret la pousse depuis à distribuer des cadeaux aux enfants. »
Humeur sotte n°4 : Trop facile. Oui, vraiment trop.
D’un côté, il y a les raccourcis scénaristiques.
Les raccourcis scénaristiques, c’est bien. Je n’ai pas besoin qu’on me donne les détails d’un long voyage, si l’action commence à l’arrivée. Une adolescence ne m’intéresse pas, si le sujet porte sur comment un adulte gère ses peurs enfantines. Le raccourci scénaristique peut aussi prendre la forme d’une coïncidence, ou d’une explication scientifique bouche trou. L’enjeu est ici de ne pas disperser l’attention du lecteur dans des narrations sans importance. L’histoire a parfois besoin qu’on passe vite sur certains détails, c’est une question de rythme.
D’un autre côté, il y a les facilités scénaristiques.
D’un premier abord, celles-ci ressemblent à des raccourcis. Un honnête passant sort un pistolet de sa poche et tire dans la foule. Le bonhomme n’a aucun passé criminel, il a juste pété un plomb. D’où sort-il son arme ? Il y a là une histoire à raconter, que je ne peux pas deviner en tant que lecteur. Et c’est important, parce que toute l’histoire va en dépendre. Ça laisse un trou narratif, ou une incohérence, et ça ce n’est pas bien. J’y vois une attitude laxiste de l’auteur, qui ne fait pas le nécessaire pour proposer une histoire complète.
Au chapitre des facilités scénaristiques, citons aussi le classique deus ex machina (résolution arbitraire d’un conflit par l’auteur), ou la ficelle de la prophétie (l’élu de la prophétie est placé sans effort au centre de l’histoire).
La prochaine fois, je vous parlerai du test de Bechdel, et de l’importance de la mixité dans les oeuvres de fiction.
Portrait d’un donateur : le père Chalande
Vieil homme à la barbe de paille, le père Chalande roule sa bosse en Haute Savoie. Précurseur d’une pratique qui a inspiré un autre personnage, il passe par la cheminer des maisons pour gâter les enfants à Noël. Ceux-ci le remercie en lui chantant une chanson :
Chalande est venu
Son chapeau pointu
Sa barbe de paille
Cassons les anailles (noisettes)
Mangeons du pain blanc
Jusqu’à Nouvel An.
Il monte dans sa chambre
Il trouve une orange
Il la pluche
Il la mange
On l’appelle le petit gourmand.
Il descend les escaliers
Il se casse le bout du nez
Il va chez le cordonnier
Se faire mettre une pièce au nez
Quand il est malade
Il mange de la salade
Quand il est guéri
Il mange des souris
Toutes pourries !