Vous avez peut-être déjà entendu une phrase se terminant par « ce n’est pas de la littérature ».
Les romans jeunesses, ce n’est pas de la littérature.
La fantasy, ce n’est pas de la littérature.
Les romans d’amour, ce n’est pas de la littérature.
L’auteur n’est pas mort depuis deux siècle, ce n’est pas de la littérature.
Je suis systématiquement sur la défensive quand j’entends pareil propos. J’ai aussitôt un gros voyant rouge qui s’allume au dessus de mon interlocuteur, et ce voyant signifie « attention, lecteur snob ».
Il y a des tas de choses à dire sur le snob. Souvent, il connait mal le genre qu’il dénonce. Presque toujours, il le fait non par conviction, mais pour valoriser ses propres lectures, et donc se valoriser lui-même. Hélas, en décrétant unilatéralement comme non légitimes d’autres oeuvres que celles qui lui sont chères, il en dit aussi un peu sur lui-même.
Déjà, tous les genres sont dénoncés de la sorte. Si ce n’est par les uns, c’est par les autres. Conclusion, sauf à admettre que la littérature n’existe pas, il n’est pas possible d’en disqualifier une oeuvre sans argumenter un minimum. On entre alors dans le débat sur la définition de la littérature, et on ne s’en sort pas. Sauf à admettre que tout est de la littérature.
Personnellement, j’en suis là. C’est mal écrit ? C’est nul ? S’il y a un auteur et des mots, c’est quand même de la littérature. Sinon, où placer la limite ? Au nom de quoi ?
Vous en pensez quoi, vous ?
Je suis assez d’accord que tant qu’il y a un auteurs, des mots, un livre, nous sommes sur de la littérature.
Si l’on part de la définition du Larousse, la littérature est » l’ensemble des œuvres écrites auxquelles on reconnaît une finalité esthétique. »
Reste donc à savoir ce qu’est l’esthétique ! Je crois que c’est bien là que les points de vue divergent.
Ceci dit en passant, on retrouve ce snobisme un peu partout.
« La techno, ce n’est pas de la musique. »
« Le Monopoly, ce n’est pas un jeu. »
« Le Manga, ce n’est pas de la BD. »
Etc.