Si la Haute Savoie a son père Chalande, il nous faut nous rendre en Franche-Comté pour rencontrer tante Arie.
Bonne fée protectrice, tante Arie porte des vêtements de paysanne, et va à pied, ou chevauchant son ânesse Marion. Frileuse, elle sort généralement couverte d’épais manteaux.
Contrairement aux autres donateurs, elle ne joue jamais les croque-mitaines, et fait preuve en toutes circonstances de la plus grande bienveillance. Au pire, les enfants pas sages recevront un bonnet d’âne.
La légende dit tante Arie être la réincarnation de la comtesse Henriette de Montbéliard (1387-1444), réputée pour sa bienveillance et sa gentillesse.
La donatrice est également la patronne des jeunes filles laborieuses, qu’elle aide en amour quand elle ne leur apprend pas à filer la laine.
Bref, tout le monde tante Arie, et chante sa chanson quand par chance on la voit passer.
La chanson de tante Airie
Et comme vous êtes sages, voici une scène coupée des Révoltés de Noël (et oui, ce n’est pas que dans les films)
Le sourire aux lèvres, Tante Arie attrapa une grosse veste en laine qu’elle enfila par-dessus sa robe paysanne. Elle sortit de la grotte qui lui servait de demeure et salua Marion, son ânesse, qui l’attendait fidèlement. Elle en flatta le flanc, et lui glissa quelques mots gentils à l’oreille. Puis, femme et animal prirent la route de Montbéliard, petite commune française située en Franche-Comté.
Elle en franchit les faubourgs, et circula dans les rues de la ville au milieu des autos. Les enfants qu’elle croisait fixaient l’ânesse avec curiosité et s’amusaient de la tenue désuète de sa maîtresse. Laissant Marion sur le trottoir, Tante Arie franchit finalement la double porte d’un immeuble. Elle gravit deux étages avant de pénétrer dans un petit appartement en désordre.
« Bienvenue à vous, Tante Arie, lui dit une jeune fille.
– Bonjour Éléonore. »
Tante Arie ôta son manteau et se frotta les mains. Les traits de son visage étaient juvéniles, mais sa chevelure trahissait un âge bien plus élevé.
« Tu as abandonné ton tricot ? demanda Tante Arie en fronçant les sourcils.
– Oh, non, Tante Arie, répondit la jeune fille en mettant en ordre un nécessaire à couture. J’aimerais juste savoir à qui offrir ce pull-over.
– À ce propos… »
Éléonore releva brusquement la tête. Ses cheveux bruns étaient taillés courts. Du rouge à lèvre et du fard courraient sur son visage.
« Pourquoi être venu me voir, Tante Arie ? demanda-t-elle, la voix teintée d’excitation.
– Pour Anatole. »
Éléonore en eu le couple soufflé.
« Anatole ? Mon Anatole ?
– Tu manques juste de confiance en toi, ma petite. Si tu te donnes une chance, ton ami d’enfance t’ouvrira son cœur.
– Oh mon dieu ! fit Éléonore en mettant sa main menue sur sa bouche. Je suis tellement heureuse ! Que faut-il que je fasse ? Tante Arie, aidez-moi !
– Et bien… tu pourrais commencer par finir ton tricot. »
Surexcitée, la jeune fille se leva et se mit aussitôt à la tâche.
« Si tu n’y vois pas d’inconvénient, mon enfant, je vais maintenant te quitter.
– Oh, bien sûr, Tante Arie. Au fait, il y a mon amie Christelle. Elle se sent seule en ce moment et…
– Malheureusement, elle devra attendre. Je suis sur le départ. »
Éléonore leva sur son invitée un regard étonné.
« Vous, Tante Arie ? Vous partez en voyage ?
– Je me rends là où il fait froid, dit Tante Arie en grelottant à cette seule idée. Des amis sont en passe de se chercher querelle. Quelqu’un doit veiller sur eux. »