Humeur sotte n°9 : suites, préquelles et autres spin-off

Imaginons que vous êtes l’auteur d’un livre à succès. Votre éditeur vient vous voir avec des symboles « euros » à la place des pupilles et vous propose de jouer la sureté en écrivant une « suite ». Vous décidez de tentez le coup. Il existe plusieurs sortes de suites, laquelle allez-vous choisir ?

1. Vous écrivez une suite

La suite se déroule après les événements de l’oeuvre d’origine. Vous repartez avec une réserve de personnages qui retournent à l’aventure sur les bases de la première histoire.
Soyons réaliste : ce n’est pas forcément une bonne idée. Parfois, la messe est dite et on essaie quand même de faire une suite. Quand toutes les portes ont été proprement fermées (i.e. le personnage principal a accompli sa destinée), il est compliqué de remettre le couvert.
Parce que une suite pour raconter quoi ? Sur la base du « on prend les mêmes et on recommence », le résultat peut être plaisant sans être pertinent.
Pertinent est ici le mot qui a de la valeur. Raconter une histoire qui, en plus d’être agréable à lire, va enrichir le premier opus et s’en rendre solidaire. Par exemple, en abordant des questions sous-entendues mais non développées en premier lieu.
A moins que votre « tome 1 » soit le début d’une série ? Qui irait reprocher à Tolkien d’avoir écrit une suite à « La Fraternité de l’Anneau » ? Dans ce cas, oui, par pitié écrivez votre suite.

2. Vous écrivez une préquelle

Cette fois, vous avez choisi de poursuivre votre récit en racontant des événements antérieurs à celui-ci. C’est beaucoup moins fréquent, et j’avoue que c’est tant mieux. En fait, j’aime rarement les préquelles. Les mêmes questions de qualité et de pertinence se posent que pour une suite, mais au final on sait déjà comment l’histoire va se terminer. On parle beaucoup de spoilers dans les oeuvres de fictions. Pitiez, ne me spoilez pas le dernier film à la mode, je ne l’ai pas encore vu ! De ce point de vu, les préquelles sont une mise en évidence d’événements dont le lecteur connaît déjà la conclusion.
Je pense souvent la même chose des « flashbacks » (en français on dit « analepses ». Faites-vous plaisir et restez à l’anglais). C’est souvent bien beau, mais ça ne fait pas avancer l’histoire.
Ah, on me dit que le terme français pour « spoiler » est « divulgâcheur ». Je vais attendre un peu avant de l’utiliser.

3. Vous écrivez un spin-off

Je n’aime pas la traduction de spin-off – série dérivée – pour la raison simple qu’elle inclut le mot « série » même quand ce n’en pas une.
Le spin-off est une oeuvre qui se place en parallèle à une autre oeuvre de fiction. Chronologiquement, elle peut se dérouler après, avant ou en même pendant l’histoire d’origine. Elle raconte des événements qui lui sont liés ou non, mais qui partagent l’univers et une partie des personnages. Un tome dédié à un personnage en particulier relève du spin-off.
Je n’ai pas les mêmes préjugés pour les spin-off que pour les préquelles, là encore je m’intéresse à la pertinence du sujet. Cette histoire apporte-t-elle quelque chose à l’oeuvre d’origine ? Sinon, pourquoi la raconter elle, plutôt qu’en reprendre les éléments narratifs dans un contexte original ?
Selon les cas, un spin-off peut même se révéler être une suite, ou faire progresser l’histoire de base de manière significative.

4. Canon ou pas canon ?

Dernière question, votre suite/préquelle/spin-off, elle est canon ou pas canon ?
Le « canon » définit ce qui s’intègre officiellement dans l’oeuvre originale. Même chronologie, mêmes personnages, même univers. Si vous répondez « oui » à la question « les événements de ma préquelle se sont-ils déroulés tels que décris dans l’histoire d’origine », c’est qu’elle est canon. Décidez de vous auto-parodier et de faire un spin-off fantasy/burlesque depuis votre premier polar noir, il ne sera pas canon. Voyez le terme « canon » comme un tampon qu’un auteur peut apposer pour approuver une oeuvre dérivée comme faisant partie du grand ensemble.
A noter qu’une question essentielle est de savoir qui a autorité pour « canoniser » une oeuvre (Cf. les films Star Wars qui ont changé de mains)
A noter aussi qu’il est possible de « décanoniser » une oeuvre (Cf. les livres Star Wars suite audit changement de mains)

« Kurt Cobain contre le Diable » qualifiée

Ma nouvelle « Kurt Cobain contre le Diable » a plu et est sortie première de son groupe.
Elle fera donc partie des huit nouvelles qualifiées pour les phases finales, et fera face à « Le doigt sur le bouton » de Céline Saint-Charle. Les modalités de vote seront les mêmes que pour les groupes. Je ne connais pas la date dudit duel, je l’annoncerai ici le moment venu.

« Kurt Cobain contre le Diable » au tournoi des Nouvellistes

Ma nouvelle « Kurt Cobain contre le Diable » participe à un « tournoi des nouvellistes » – organisé par « un Monde de Mots » – où les textes sont jetés en pâture et jugés par un jury impartial, ainsi que par des internautes avides de fictions. Depuis quelques heures, mon texte est donc dans l’arène avec trois autres. N’hésitez pas à aller lire les textes et voter.
Ça se passe ici : http://www.unmondedemots.com/pages/tournoi-des-nouvellistes/7eme-tournoi-des-nouvellistes-phase-1-eliminatoires-match-du-groupe-b-manticores.html

Le formulaire pour voter n’apparaît pas sur certains navigateurs, tels que Firefox. Utilisez-en un autre si vous ne le voyez pas.

Deux pour le prix d’un

J’ai le grand plaisir d’être lauréat du concours Émergence organisé par la Charte des auteurs et illustrateurs jeunesse, grâce à ma nouvelle « l’Affaire de la Tirelire ».

http://la-charte.fr/magazine/evenements/article/les-douze-laureat-e-s-du-concours

Au programme, un recueil avec les douze nouvelles lauréates, mais je ne sais pas exactement dans quelle mesure il sera possible de se le procurer.

Et comme cette bonne nouvelle se sentait seule, j’ai également mon nom dans le 7ème Tournoi des Nouvellistes organisé par Un Monde de Mot.
http://www.unmondedemots.com/pages/tournoi-des-nouvellistes/7eme-tournoi-des-nouvellistes-liste-des-nouvelles-selectionnees.html

Ma nouvelle « Kurt Cobain contre le Diable » sera dans l’arène à partir du 6 Octobre dans le groupe B des Manticores.
Ma nouvelle « La Berceuse » a de son côté reçu un titre honorifique.
Un recueil avec ces deux nouvelles et toutes celles du tournoi (41 en tout) sera disponible en numérique et en impression à la demande en 2019.

Je vous reparle de tout ça le moment venu.

Humeur sotte n°8 : le quatrième mur

Nous connaissons bien les trois premiers murs. Ils sont le côté cour, le côté jardin et le décors de fond d’un théâtre. Ils sont les côtés et le fond de notre télévision. Ils sont là où on ne peut pas voir car la caméra ne le montre pas.
Le quatrième mur, c’est cette frontière invisible où se glisse le rideau du théâtre. C’est la toile du cinéma. Dit autrement, c’est la ligne de séparation entre la fiction et la réalité. Métaphoriquement parlant, ce quatrième mur existe pour tous les médias. Les supports papiers ont un objet livre qui sert de jonction. Un conte est porté par la voix du conteur.


Dans la plupart des fictions, le quatrième mur est étanche. Les personnages ne s’adressent pas aux spectateurs, et vice versa. Puis, on fait des exceptions.
Briser le quatrième mur signifie donner à un personnage une conscience de sa nature fictionnelle. Un personnage – voire le narrateur lui-même – s’adressant au lecteur. Le même personnage utilisant sa connaissance de son monde imaginaire et de ses règles pour faire avancer l’intrigue.
Les spectacles vivant vont encore plus loin. Guignol interagit directement avec son public. Un spectateur monte sur scène le temps d’incarner un personnage lors d’une pièce de théâtre. Voire, tout le public pris en otage en tant que personnage.

« Psst. Ton texte c’est, ‘je pense que je vais libérer le génie’. Quand tu veux. »
Je m’amuse beaucoup quand une œuvre casse son quatrième mur. Qu’en est-il pour toi, humble lecteur ?

Portrait d’un donateur : la Chauchevieille

Nous voilà en Suisse, dans le canton de Vaud.

Le canton de Vaud – Suisse
Là-bas, le Bon Enfant est un vieux nom du père Noël. On le dit marié à un personnage inquiétant : la Chauchevieille.
Vieille femme habillée de noir, elle est parente des sorcières, dont elle partage certains attributs.
La Chauchevieille est surtout une personnification du cauchemar. En fait de mauvais rêve, le cauchemar désigne la sensation d’étouffer durant son sommeil, d’être oppressé. La conséquence est un réveil difficile, parfois une terreur nocturne. Cette sensation est le fait de la Chauchevieille, qui presse la poitrine des dormeurs de son pied. Elle punie ainsi les gens désobéissants.
Noël venu, elle récompense les enfants sages avec des noisettes, du chocolat et des oranges.

Le Cauchemar, de Johann Heinrich Füssli